De « päivä », jour et « koti », maison. Voilà un article aussi long que cette journée bien remplie.
Le lundi 18 août, nous avons emmené Solal pour sa rentrée, à 8h30. En réalité, beaucoup d’enfants sont déjà revenus de vacances depuis deux semaines. Le päiväkoti se trouve tout près de chez nous, dans le quartier d’Amuri. La journée commence par le petit déjeuner, du porridge et des fruits, que les enfants se servent dans la classe entre 8h et 8h45. On est déjà venu visiter la semaine passée, Solal est à l’aise, et il a tellement envie de venir que sitôt ses affaires posées, le voilà parti. Avec ses cheveux blonds il se fond totalement parmi les enfants du groupe, qui ont tous le même âge que lui. Cela étonne les mamans présentes, de voir ce petit garçon qui ne parle pas un mot de finnois partir avec autant de décontraction. On apprend le lendemain qu’un clip musical va être tourné avec les enfants pour une chaîne nationale. La célébrité est à notre porte, ça compense un peu nos nouveaux cheveux blancs (poils de barbe pour certains).

En Finlande, les enfants commencent l’école à 6 ans, en grade 0 appelé « eskarit ». C’est une classe préparatoire à l’école, qui correspondrait au CP en France, sans être vraiment consacrée à l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Solal aura 5 ans en décembre, et n’est par conséquent pas concerné, il doit aller dans un « päiväkoti », un jardin d’enfant. L’inscription à l’école et au jardin d’enfant est la première démarche qu’on a effectué avant de partir, en février. Les recherches ont été longues, et il a fallu ruser pour passer à travers les demandes d’authentification forte et de numéro national, qu’on était bien loin d’avoir. Achille a dû passer un test de français pour vérifier son niveau de langue, et on a vite été rassuré sur le fait qu’il pourrait aller à l’école bilingue.
Pour Solal, le päiväkoti est également bilingue, mais avec un peu moins de pratique, le français représentant environ 25 % du temps de parole. Dans sa section, il y a 19 enfants, deux éducatrices (dont une bilingue) et une assistante. C’était difficile de nommer le jardin d’enfant auprès de Solal : d’abord on l’a appelé « la crèche », ce qui passait relativement mal et qui lui a sûrement fait raconter à ses copains qu’il allait être avec des bébés. Puis « le jardin d’enfant », mais c’est un terme qui, même si je le trouve joli, reste certainement assez flou pour lui : peut-être qu’il se représente un jardin comme celui de notre maison, avec plein d’enfants partout. On a finalement opté pour l’appeller « l’école », en se disant que c’était le plus rassurant. Avec le recul, peut-être que l’appeller simplement « päiväkoti » serait le plus approprié, car on peut associer à ce nouveau mot ce que Solal vit réellement dans ses journées là-bas.

Les enfants arrivent en général au päiväkoti vers 10-12 mois, souvent un peu plus. Comme pour la crèche en France, les horaires sont libres, le lieu ouvre à 7h30 et ferme à 17h. Un des objectifs de ces premières années de collectivité, ou d’accueil familial, car c’est une option qui existe, est de donner aux enfants la motivation intrinsèque d’apprendre. Le jeu est valorisé comme ce qui permet aux enfants de grandir et de développer toutes leurs capacités. Mon sentiment après ces trois premières semaines d’observation au parc, et après une discussion avec une des éducatrices du päiväkoti, est qu’ici, les adultes accordent aux enfants une grande confiance et leur laissent le temps d’être des enfants (entendre ici : jouer, jouer, jouer, et aussi faire des bêtises, piquer des colères ou regarder une fourmi pendant de loooongues minutes).

Après la rentrée de Solal, nous avons posé nos dernières valises dans l’appartement que nous habiterons jusqu’en juillet 2026. La deuxième clef nous attend sur la table, l’appartment est tout propre, et en remontant les stores, le soleil innonde les chambres. Le propriétaire nous a laissé le nécessaire, nous avons même le luxe d’un lave-vaisselle et d’une machine à laver. Il ne nous reste qu’à acheter un matelas pour Solal puisque le lit en lui même n’est pas nécessaire, il en tombe toujours. Et peut-être un canapé lit, sur Tori, quand on aura trouvé comment s’authentifier.


Nous sommes au sixième étage (le balcon en haut à droite), et de la fenêtre de la chambre, nous voyons les décors en préparation du théâtre. Au loin, des collines, de vieilles cheminées d’usines et au-dessus, le ciel, on ne voit que lui si on s’allonge dans le salon. C’est suffisant. Notre intérieur minimaliste n’a rien à envier à celui de Marie Kondo. Heureusement, grâce au sac de légos, on peut quand même en mettre partout.


Qui dit déménagement, dit Ikea. S’il y a bien une chaîne, en plus de Mc Do et Burger King, qu’on a croisé dans chacun des pays traversés pour venir jusqu’ici (Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Danemark et Suède), c’est celle-ci. On s’est habillés spécialement pour l’occasion, mais on n’a même pas eu de remise.
Par contre c’est un peu comme passer dans une autre dimension : sitôt les portes franchies, cette spécifique odeur de bois compressé et de cannelle nous accueille et on a l’impression d’être à Ikea Pacé. On a acheté le minimum, à peine plus. Les coussins étaient tout à fait nécessaires pour habiller notre tapis-canapé.

Ce qui est drôle, c’est qu’on est d’abord sortis sans le matelas pour lequel on y allait au départ, mais n’est-ce pas le propre d’Ikea ? D’y aller pour acheter quelque chose de particulier et d’en ressortir avec un tas de merdouilles imprévues ?


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