Cette histoire se passe au camping d’Ikaalinen, il y a deux semaines. Nous sommes au bord du lac, Achille est déjà dans l’eau bien qu’elle soit froide comme la Manche en juin, 15 degrés à peu près. Des dames sortent de la cabane qui est reliée au ponton par un chemin de planches. Leur peau est rouge et marbrée. Elles entrent dans l’eau froide sans hésitation et font quelques longueurs de brasse.

Une femme m’appelle en anglais, j’entend mal, je dis what ? en bonne française encore mal habituée aux rudiments polis de la langue. Elle m’indique que si j’aime le sauna, c’est le tour des femmes jusqu’à 18h30. Ni une ni deux, après avoir rapidement consulté Maxime, me voilà partie vers la cabane, avec Achille sur les talons qui tient à m’accompagner. Cet enfant est décidément né Finlandais à l’intérieur. Il boude de ne pouvoir venir, mais la porte entrouverte sur un corps nu fini de le convaincre que c’est l’heure des femmes, et qu’il n’y est pas convié, même en qualité de petit garçon. Donc j’entre, il fait chaud, un feu brûle dans le poêle d’un petit salon à l’entrée. D’abord, il y a la salle où l’on se change. Je pose mon drap de bain sur le banc, je retire consciencieusement mon maillot avec en tête le souvenir de mon arrivée de touriste en maillot de bain, parmi toutes les autres femmes nues dans les douches de la piscine la semaine dernière. J’entre dans la salle des douches, je me mouille, je ne sais pas très bien s’il faut que je me lave, mais de toute façon je n’ai pas de savon donc je fais semblant. Il faut bien que je me fasse à l’idée, je suis la Française qui fait des trucs bizarres. Dernière porte, celle du sauna.

J’entre, la chaleur est si bonne, j’avais froid dehors, c’est parfait. Je m’assois sur la place à droite en entrant, à l’opposé du poêle (ou tout autre nom que porte le truc qui chauffe avec des pierres dessus). Là, ceux qui savent sourient. Je comprend vaguement « lämmin » et « kuuma », et une lumière s’allume dans mon cerveau, lämmin = chaud, kuuma = très chaud. Je suis au point le plus chaud du sauna. Les dames sont pleines d’attention, me demandent si je veux changer de place, mais j’avais froid, ça tombe bien ça me réchauffe, et mon amour propre mal placé me dicte de rester là. Une dame met de l’eau sur les pierres, une vague de chaleur arrive jusqu’à moi. Puis une autre, et encore une, à chaque fois elle me regarde pour vérifier mon approbation (ou que je ne vais pas tomber dans les pommes peut-être), et à chaque fois tout mon corps transpire en même temps que mon coeur s’accélère. Je parviens à baragouiner « okay now it’s enought for me » avec un sursaut dans la voix. Je remets mon maillot, je sors, je marche sur les planches fraîches, le ciel moutonne, l’eau miroite, le soleil éclaire la rive en face, les arbres, la cabane rouge, tout est beau, je rentre dans l’eau en descendant par la petite échelle au bout du ponton, je me délecte dans une quasi ivresse, du contraste entre la chaleur de ma peau et la fraicheur de l’eau.

La dame m’indique que si Maxime veut y aller avec les enfants il pourra juste après. Avec les enfants ? C’est autorisé ? Elle me dit qu’elle n’a jamais vu nulle part un sauna interdit aux enfants. Et les bébés y vont aussi ! Cette nouvelle fait la joie des enfants, un peu moins celle de Maxime qui se retrouve avec deux diablotins qui mettent l’ambiance, tout en stressant de faire une bêtise, de les mettre en danger, car en France les enfants sont proscrits du sauna… L’expérience a été réitérée avec plus de sérennité à la piscine du quartier (5 minutes à pieds!), qui comporte dans chacun des vestiaires deux saunas immenses. Le bonheur !





































