Entre Lahti et Jyväskylä, il y a une route qui passe à travers lacs. L’automne est déjà bien entamé, les bouleaux sont à l’apogée de leur coloration jaune, les quelques érables sont rouges orangés, et toutes ces couleurs chaudes percent au milieu des immenses étendues de vert sapin.
Le finnois a d’ailleurs un mot, « ruska », pour désigner ce moment particulier des arbres couverts de leurs feuilles d’automne. On est passés par Vääksy, un village entre deux lacs qui a un canal avec une écluse, on se serait crûs au bord du canal de la Vilaine à Béton en dépit du vent glacial. L’aire de jeux est géniale, on y trouve un circuit d’eau avec des mini écluses.
Ensuite, nous avons traversé le lac Päijänne sur une langue de terre de 8 km de long, magnifique!
À Jyväskylä, après avoir posé les bagages dans la chambre d’hôtel, fait le tour du centre ville pour trouver une place de parking à moins de 3€ de l’heure, après m’être retrouvée au milieu des bus où c’était interdit d’être en voiture, et m’être garée sur le parking du Sokos puis que Maxime m’ait appelée pour me dire qu’on avait une place de parking à l’hôtel, on est était fins prêts pour aller dîner. Frayeur des enfants dans la rue, car l’alarme incendie du Sokos sonne et qu’il y a du monde devant. Trois gros camions de pompier arrivent et repartent rapidement, ce devait être une fausse alerte. On mange vite nos plats Thaï, il faut avoir le temps de profiter de la piscine de l’hôtel. Vu comme ça on pourrait croire qu’on a des goûts de luxe, en réalité l’hôtel n’est pas plus cher que d’autres, et il est moins cher qu’un air bnb. Bon la piscine était glacée mais après un sauna, tout passe.
Nous revenons d’un séjour de trois jours dans le sud de la région des lacs: lundi Lahti, mardi Vääksy, mercredi Jyväskylä. À Lahti nous sommes allés voir les tremplins de saut à skis, que tous les guides montraient avec une piscine olympique au bout, laissant penser aux enfants que les tremplins étaient des toboggans géants.
Les abords sont en travaux, et la piscine est démontée. La déception a été de courte durée, car ils ont pu escalader tranquillement les gradins du stade d’athlétisme, se faire chronométrer sur un tour en courant et jouer au saut en longueur.
Lahti se trouve sur le bord d’une moraine, une grosse colline formée par la fonte d’un glacier, ce qui explique les pistes de ski à proximité.
Sculpture représentant Siiri Rantanen, multiple championne de ski.
Le soir on a dormi dans une petite station de ski à Messila.
On est allés marcher dans la forêt voisine et se faire griller des saucisses car il y avait une zone où les feux sont autorisés, située précisément au « Nid du diable ».
Une fois le feu allumé quelle joie de griller sa « nakki » au bout d’un bâton et de pouvoir jouer à enflammer le bout d’un bâton comme si c’était une torche d’explorateur. Comme dit Achille, « à Lahti il y a les records de skis, mais aussi les plaisirs du ventre ».
Attention, lire la suite sans petites oreilles sensibles à côté, ou la lire avant. La journée s’est achevée sur une note horrifiante. Deux jeunes hommes sont arrivés en vélo, les ont posés rapidement et sont partis en direction du nid du diable. Après quelques minutes ils ont crié deux mots, Maxime me regarde les yeux ronds me demande s’il a bien entendu. Mais non, c’était juste « hey », non? On ne veut pas entendre ce genre de choses. Quand ils sont revenus, on avait fini de manger. Ils ont empilé des dizaines de bûches au-dessus du feu, les enfants inquiets ne comprenaient pas, disant tout haut : mais ils sont fous! On avait tenté de transmettre des valeurs de partage et d’altruisme aux enfants, en leur expliquant que non on n’allait pas mettre tout le papier dans le feu et qu’on allait limiter le nombre de bûches pour qu’il y en ait suffisamment pour les gens qui viendraient plus tard. On est partis bien vite, grondant Achille qui répétait fort qu’ils étaient fous, lui expliquant plus loin qu’on ne se risque pas à provoquer quoi que ce soit dans cette situation. Même s’il n’en avait saisi qu’une partie, évidemment. Car la svastika gravée dans le bois d’une table, qu’on a vu le lendemain, n’a fait que confirmer ce que nos oreilles ont entendu en écho toute la nuit mais que le cerveau peine à admettre. On s’est questionné de le raconter ici, car on n’a pas envie de donner de la place à ce que cette expérience charrie. On espère seulement que c’était pas de bol de tomber par hasard sur ces énergumènes.
Ce sont les vacances scolaires pour une semaine et nous sommes partis pour trois jours, vers Lahti et Jyväskylä. Mais avant de vous raconter notre mini road trip d’automne au sud de la région des lacs, voici le journal photo de la semaine passée.
Sur le chemin du päiväkotiLe parc à 15h30 après l’écoleCouleurs d’automne et la nuit qui tombe maintenant à 18hUn peu de grande section française (avec un programme sur mesure par maîtresse tata Mélou)Mes collèguesHelvetinjärvi national park (où les copains nous ont fait goûter aux joies de faire griller des saucisses en pleine nature)Promenade à PispalaÇa c’est quand on a refusé de payer UN pancake 8€50 au Café Pispala et qu’il fallait ajouter 3€ pour avoir une sauce dessus. On a quand même pris un jus, dans une ambiance enfumée de graillon. En partant, Achille est parti en disant à Maxime : tu vas nous faire des crêpes à la maison?, je l’ai entendu même si j’etais aux toilettes. Le K-market a sauvé le goûter et nous a évité l’esclandre enfantine, puis on est rentrés et on a cuisiné 160€ de pancakes.
Dernier jour à Helsinki, il pleut, il fait 12°C. On retourne au musée Ateneum voir une autre exposition des oeuvres de la collection, les enfants ne sont pas hyper motivés et Solal est constamment fâché. Il visite le musée en rampant sur les fesses, puis se ravise dans la salle où il y a des écrans pour naviguer dans la collection virtuelle. Les gars dessinent leur portrait dans le studio, puis nous partons vers la fête annuelle du hareng, sur le port. Ça aurait pu être une bonne idée si il avait fait sec, mais face aux barnums remplis de gens qui mangent, on s’est dit que c’était plus sérieux d’aller manger au café du Designmuseo (bar à salade, soupe et sandwich avec café à volonté, imbattable !). Donc les enfants ont rejoué à « Robocop le bucheron » et à « oiseaux fâchés ». Puis c’était déjà le moment de prendre le train pour retourner à Tampere!
Tove Jansson, Autoportrait, 1942La fête du hareng à KauppatoriLe ministère de la défenseDans la ville il y a plein de kiosques, qui en été vendent des boissons et des glaces.Enfants contents, finalement 😝
La fin de semaine a continué sur sa lancée culturelle. Nous sommes descendus de notre chambre chaque jour un peu plus tard pour le petit déjeuner, allant même jusqu’à retarder le déjeuner à 13h (alors que c’est plutôt presque l’heure du goûter si vous avez suivi).
Maxime nous a emmené voir deux bâtiments de l’Université Aalto, conçue par Alvar, Aino et Elissa Aalto (sa première et sa deuxième femme). Lumière, lignes, couleurs, même le mobilier et les luminaires sont imaginés avec le bâti.
Nous avons ensuite visité le musée Ateneum qui conserve la plus grande collection d’art classique de Finlande, et qui présentait une exposition consacrée aux liens qu’entretenaient Akseli Gallen-Kallela et les artistes de la Sécession Viennoise.
Akseli Gallen-Kallela, Kevät (Printemps), 1906.Akseli Gallen-Kallela, Sammon puolustus (La Défense de Sampo), 1896
Gallen-Kallela, c’est la star des peintres Finlandais. Ses oeuvres représentent parfaitement la lumière particulière de la Finlande, et ses paysages. Les peintures de la légende du Kalevala (comme ci-dessus) sont quand à elles assez proches d’un dessin de bande dessinée, même si elles datent de la fin de 19e siècle. Il y avait aussi une reproduction grandeur nature de la Fresque de Beethoven peinte par Klimt en 1902 (ci-dessous) et conservée au palais de la Sécession à Vienne, avec la symphonie qui va avec. Les enfants ont plutôt bien suivi, malgré le monde et l’absence de bingo artistique qui aurait un peu guidé leur regard (snif). Heureusement, il y avait des gros monstres, et des nénés pour rigoler.
Devant le Designmuseo
On a aussi visité le musée du design, où les enfants ont joué à Angry Birds, puisque le jeu vidéo est originaire de Finlande. Solal a beaucoup aimé manipuler les joysticks de commande des engins qui coupent les arbres et enlèvent l’écorce des troncs en même temps. On y a appris que les premiers ciseaux Fiskars (ceux qui sont oranges et qu’on trouve n’importe où) ont été conçus avec un prototype en bois, et qu’ils sont oranges parce que c’est la couleur qui restait du produit précédent.
Moules et vases (à ne pas confondre avec moules et vase pour les Bretons)
On a aussi vu deux moules qui ont servi à fabriquer le Vase Aalto (ou Vase Savoy). Aujourd’hui on dit que c’est un vase, mais à l’origine Alvar Aalto a imaginé un objet qui n’aurait pas d’usage défini, à partir d’un moule en bois, et auquel il a d’abord donné le titre de « Pantalon en cuir de femme esquimaude » . C’est quand même un des objets en verre les plus connus au monde et qui continue d’être soufflé à l’usine Littala (à quelques kilomètres de Tampere).
C’était une visite intéressante, avec en plus, une station de construction en lego qui a fait le bonheur des enfants (et le tabouret qui a un trou au milieu, je vous laisse deviner pourquoi…).
Et puis entre toutes ces visites (pas toutes le même jour, l’organisation étant une visite/une promenade/une aire de jeu par jour), on s’est baladés. On a gravi la colline de l’observatoire derrière le musée du design et marché dans Huvilakatu, la carte postale d’Helsinki avec ses maisons colorées. Sincèrement, la ville est déjà tellement riche en couleurs, en détails et en architecture, que la rue m’a paru être anecdotique.
Le ciel est bas aujourd’huiDoit-on y voir le présage des mois à venir ?Certainement 😁Porte à chiensHuvilakatu
À part ça, on a mangé des frites et des falafels de chez Fafa’s trois fois, on est fous du Fafa (cf. la chanson éponyme). Et on a peut-être pris quelques kilos pour l’hiver, heureusement que la saison des soupes est lancée, pour le plus grand bonheur des enfants (hahaha).
De l’art contemporain pour commencer la journée, il n’y a que ça de vrai! Au musée Kiasma, l’exposition collait parfaitement au fait que Solal est récemment revenu de l’école très fier de nous dire qu’il avait joué à « peli, papeli, sakset », pierre, feuille, ciseaux. Achille a bien tenté de lui dire que c’était « peli, papeRi, sakset » mais il restait persuadé que sa version était la bonne, ce qui est dur à vérifier car pour l’instant il a du mal à rouler les « r ». Verdict, le titre de l’exposition nous a appris que c’était « kivi, paperi, sakset ».
Devant l’oeuvre de Jacob Dahlgren, The Wonderful World of Abstraction, 2009.Et dedans 🙃Une grosse allumette de Claes Oldenburg
Une belle expo sur la variété des matériaux utilisés par les artistes, qui a bien plu aux enfants malgré l’absence d’outils médiation en libre service (même pas un petit bingo à remplir, quelle tristesse). Heureusement que j’étais parée à dégainer mes talents d’ex-médiatrice en art contemporain. Coup de coeur quand même pour la salle où on peut toucher différents matériaux.
L’après-midi, nous avons pris le bateau-bus pour la forteresse de Suomenlinna, située sur île.
Une fois avoir fait le plein de silence, d’air iodé et de morceaux de verre dépolis, nous avons retrouvé Maxime sur la place du Sénat (Senaatintori). Une chose est sûre, je ne suis pas guide de voyage, au monsieur Norvégien qui m’a demandé ce qu’était ce gros bâtiment blanc, j’ai répondu très sûre de moi « le sénat » (parce qu’on est place du Sénat quand même). Sauf que c’est la cathédrale.
– découvert avec plaisir la place Lasipalatsi avec les dômes du musée Amos Rex, transformée par l’artiste et designer Yinka Ilori. Pas de trous de pantalon à déplorer malgré les nombreuses glissades sur le béton.
– visité le salon FrancoPro à la médiathèque Oodi où Achille a confirmé son projet d’aller à l’INSA même s’il hésite encore avec l’INSA Toulouse. Le soft power paternel a bien fonctionné. Nous avons également profité du dernier étage de la médiathèque consacré aux enfants, avec une salle pour les petits dont toute l’installation ressemblait aux ateliers d’éveil du RPE à Cesson, je me suis sentie comme à la maison, et Solal aussi.
– été émerveillés par la beauté des serres du jardin botanique Kaisaniemi et ses oies bernaches qu’on ne peut pas berner (selon Achille).
– retrouvé professeur Maxime pour un peu de playground post travail, avant de filer manger une saucisse grillée au Renata Café.