Après s’être pressés pour arriver à l’heure au minigolf où nous avions rendez-vous pour l’anniversaire d’une enfant de la classe d’Achille, et après s’être rendu compte que c’était en fait le lendemain, l’occasion était toute trouvée pour enfin aller découvrir le bord du lac Pyhäjarvi à deux pas de chez nous.
Avec le soleil, les clapotis de l’eau, les écureuils, ce n’était que ravissement. On ne s’est même pas fâchés quand Solal a glissé dans l’eau et que ses chaussures imperméables se sont remplies comme des seaux. Le pauvre a quand même eu peur, mais après un câlin il est vite reparti pieds nus sur le chemin.
Il fallait aller chercher un vélo (toujours d’occasion, nous sommes les rois de Tori désormais) sur une rive en face de chez nous, du côté du bâtiment DVV qu’on commence à bien connaître. En regardant la carte du GPS, on voit qu’à côté, il y a l’arborétum.
Le ciel n’est pas toujours bleuOn habite près de la plus petite cheminée
En adeptes du tourisme fortuit, on a bien aimé la promenade à l’arboretum, le vent transportait l’odeur des roses jusqu’à nos nasaux (et celle ces bonbons dans le sac) et on a essayé de voir où on habite au loin sur l’autre rive.
Les enfants ont bien marché/couru (rapport aux bonbons) presque sans gêner la tranquillité des lieux, ils n’ont même pas démonté la balancelle installée au bord du chemin et qui a servi de balançoire. C’était chouette.
Cette histoire se passe au camping d’Ikaalinen, il y a deux semaines. Nous sommes au bord du lac, Achille est déjà dans l’eau bien qu’elle soit froide comme la Manche en juin, 15 degrés à peu près. Des dames sortent de la cabane qui est reliée au ponton par un chemin de planches. Leur peau est rouge et marbrée. Elles entrent dans l’eau froide sans hésitation et font quelques longueurs de brasse.
Une femme m’appelle en anglais, j’entend mal, je dis what ? en bonne française encore mal habituée aux rudiments polis de la langue. Elle m’indique que si j’aime le sauna, c’est le tour des femmes jusqu’à 18h30. Ni une ni deux, après avoir rapidement consulté Maxime, me voilà partie vers la cabane, avec Achille sur les talons qui tient à m’accompagner. Cet enfant est décidément né Finlandais à l’intérieur. Il boude de ne pouvoir venir, mais la porte entrouverte sur un corps nu fini de le convaincre que c’est l’heure des femmes, et qu’il n’y est pas convié, même en qualité de petit garçon. Donc j’entre, il fait chaud, un feu brûle dans le poêle d’un petit salon à l’entrée. D’abord, il y a la salle où l’on se change. Je pose mon drap de bain sur le banc, je retire consciencieusement mon maillot avec en tête le souvenir de mon arrivée de touriste en maillot de bain, parmi toutes les autres femmes nues dans les douches de la piscine la semaine dernière. J’entre dans la salle des douches, je me mouille, je ne sais pas très bien s’il faut que je me lave, mais de toute façon je n’ai pas de savon donc je fais semblant. Il faut bien que je me fasse à l’idée, je suis la Française qui fait des trucs bizarres. Dernière porte, celle du sauna.
J’entre, la chaleur est si bonne, j’avais froid dehors, c’est parfait. Je m’assois sur la place à droite en entrant, à l’opposé du poêle (ou tout autre nom que porte le truc qui chauffe avec des pierres dessus). Là, ceux qui savent sourient. Je comprend vaguement « lämmin » et « kuuma », et une lumière s’allume dans mon cerveau, lämmin = chaud, kuuma = très chaud. Je suis au point le plus chaud du sauna. Les dames sont pleines d’attention, me demandent si je veux changer de place, mais j’avais froid, ça tombe bien ça me réchauffe, et mon amour propre mal placé me dicte de rester là. Une dame met de l’eau sur les pierres, une vague de chaleur arrive jusqu’à moi. Puis une autre, et encore une, à chaque fois elle me regarde pour vérifier mon approbation (ou que je ne vais pas tomber dans les pommes peut-être), et à chaque fois tout mon corps transpire en même temps que mon coeur s’accélère. Je parviens à baragouiner « okay now it’s enought for me » avec un sursaut dans la voix. Je remets mon maillot, je sors, je marche sur les planches fraîches, le ciel moutonne, l’eau miroite, le soleil éclaire la rive en face, les arbres, la cabane rouge, tout est beau, je rentre dans l’eau en descendant par la petite échelle au bout du ponton, je me délecte dans une quasi ivresse, du contraste entre la chaleur de ma peau et la fraicheur de l’eau.
La dame m’indique que si Maxime veut y aller avec les enfants il pourra juste après. Avec les enfants ? C’est autorisé ? Elle me dit qu’elle n’a jamais vu nulle part un sauna interdit aux enfants. Et les bébés y vont aussi ! Cette nouvelle fait la joie des enfants, un peu moins celle de Maxime qui se retrouve avec deux diablotins qui mettent l’ambiance, tout en stressant de faire une bêtise, de les mettre en danger, car en France les enfants sont proscrits du sauna… L’expérience a été réitérée avec plus de sérennité à la piscine du quartier (5 minutes à pieds!), qui comporte dans chacun des vestiaires deux saunas immenses. Le bonheur !
Les fenêtres de notre appartement sont doubles, en plus du double vitrage, comme dans notre air bnb à l’arrivée. Autant vous dire qu’on n’improvise pas le nettoyage des vitres entre deux tâches (je n’ai pas osé le « entre deux portes » mais le coeur y est), puisque pour une fenêtre composée de deux parties, ça fait 8 vitres.
Devant la plupart des entrées d’immeubles, on trouve un brosse chaussure. Je pense qu’on peut en conclure qu’à un moment de l’année nos chaussures seront très sales.
Le munkki est un beignet à la cardamome typique du coin, souvent présenté sous la forme d’un anneau, comme un donut. Sauf là, comme une boule de pâte frite, mais il est tout autant délicieux.
Depuis une semaine Achille va à l’école à pieds tout seul, comme beaucoup d’enfants en Finlande.
Il y a un placard-égouttoir au-dessus de l’évier, visiblement c’est une spécificité des cuisines finlandaises, et franchement c’est très pratique.
On trouve des Moomins sur tous supports: vêtements, aliments, emballages, vaisselle… Même le tramway en est couvert !
Nous avons profité d’un beau samedi ensoleillé pour nous promener un peu du côté du quartier de Pispala, jadis ouvrier et désormais plutôt chic. Le coin est escarpé, les maisons sont construites en bois sur les hauteurs et ont vue sur le lac.
Les maisons rose pâle, vert d’eau, bleu ciel, rouge de sienne, jaune ocre partagent le paysage avec toute la gamme de verts de la végétation et le rouge des baies des sorbiers des oiseleurs. C’est très beau, les couleurs sont éclatantes bien qu’elles soient pastel.
Il est 10h30, nous sommes déjà fin août et le soleil projette les ombres longues particulières aux lumières d’automne.
De chaque côtés de l’esker, des escaliers descendent vers l’un des deux lacs qui bordent la ville. On a opté pour le plus court, l’heure du déjeuner approchant, les forces quittent peu à peu certaines personnes de l’équipe.
Nous ne sommes pas des touristes très organisés, depuis notre arrivée nous préférons flanner et nous laisser surprendre. Grâce à ce choix judicieux nous sommes arrivés au pied du plus vieux sauna de Finlande encore en activité, ouvert en 1906.
Achille a commencé le judo en finnois, ça ressemble beaucoup au judo en français, sauf qu’on ne comprend rien. L’avantage c’est que les noms de prises sont en japonais.
L’endroit est incroyable, il faut entrer littéralement sous terre, par une grande rampe d’accès. Le gymnase est gigantesque, il faut au moins 10 minutes de marche rapide pour arriver au bout. Il y a de nombreuses salles de muscu, d’arts martiaux, sauna… La salle de budo 4 où se tient le cours d’Achille, comporte trois tatamis séparés par des rideaux. Nous avons appris peu après que ce gymnase souterrain est un bunker auquel auront accès les habitants de la ville dont l’immeuble ne possède pas son propre refuge.
Chaque jour est une aventure et nous apporte son lot d’émotions, de victoires et de défaites. Le lendemain de la rentrée et du déménagement, Maxime avait rendez-vous à la banque OP, dans l’espoir -sans grande conviction- d’avoir une authentification forte instantanée. Un banquier en costume, tête et politesse parfaitement lisse, l’accueille dans le hall par son prénom. Il le fait entrer dans une pièce capitonnée, sans fenêtres et insonorisée, en lui parlant très doucement; une main de fer dans un gant de velour. Maxime sourit mais il n’est pas tout à fait détendu. Une fois le compte ouvert, le banquier aide Maxime à installer l’application de banque et à s’authentifier avec une procédure hyper sécurisé. Le rendez-vous dure une heure, le banquier lui remet une carte avec 300 codes d’authentification forte pour le cas où le téléphone de Maxime, qui est désormais le sésame de toutes les portes blindées virtuelles qu’on pourrait rencontrer, ne fonctionnerait pas. La joie d’avoir enfin le graal de l’authentification forte est telle, que le fait de sortir vivant de ce rendez-vous digne des meilleurs films d’espionnage passe complètement au second plan.
Maintenant qu’on est authentifiés sur Tori, c’est la folie de l’achat d’occasion. J’achète une bicyclette dorée qui n’est pas sans rappeler ma première voiture, une twingo première génération dorée, qui allait parfaitement bien avec la 206 break tout aussi dorée de Maxime, quand on s’est rencontrés.
Le soir même, une fois les enfants couchés nous sommes tous contents de pouvoir enfin finaliser l’inscription au service e-vaka, permettant de faire le suivi de Solal au päiväkoti. Mettez-vous en tête un son d’ordinateur qui bugue (façon message d’erreur windows), car oui, ce qui suit est un nouveau rebondissement dans les affres de l’administration finlandaise. On se connecte à e-vaka, victoire ! Et là, et bien ça ne marche pas. Si Maxime est bien connecté, Solal quant à lui n’apparaît pas. Voilà.
Maxime qui attend dans la file d’attente
Notre optimisme est vraiment à toute épreuve, ça nous fait rire (jaune, d’accord). Heureusement jeudi matin, c’est journée sans rendez-vous à DVV. J’y dépose Maxime, qui prend le ticket 09 à 9h. Après 2h d’attente, il ressort avec pour réponse que tout est normal, c’est juste que l’enregistrement prend entre trois et six mois.
Ça vaut bien une petite photo de chats rigolos (toujours pas de chats dans les rues d’ailleurs)